Cedric

Je suis accidenté(e) | Eu (76)

Bonjour,
Je m'appelle Cédric et j'ai aujourd'hui 29 ans.
En 2008, alors âgé de 21 ans, j'ai eu un grave accident de moto qui m'a laissé paralysé en dessous des côtes ainsi que du bras droit. D'aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours aimé les deux-roues. C'est donc naturellement qu'à 18 ans j'ai passé mon permis moto.

J'ai depuis le début été impliqué dans la sécurité du motard : casque, gants, bottes, combinaison intégrale. Mais je sais qu'aujourd'hui ce n'était pas assez. Il me manquait la maturité, la raison et un organe de sécurité qui commençait tout juste à se développer quand j'ai eu mon accident 3 ans plus tard : l'airbag moto.

De cet accident, je peux vous dire que j'étais pressé, sous prétexte de ne pas vouloir arriver en retard au travail alors qu'il n'y a qu'une manière d'arriver à l'heure au travail : partir à temps.
Je peux vous dire qu'à ce carrefour je n'ai pas pu voir cette voiture avec son clignotant qui voulait tourner parce qu’elle n'a pas freiné. La voiture qui la suivait me cachait la 1re et ne tournait pas, elle a juste décéléré sans freiner, et moi voyant plusieurs voitures roulant à moins de 90 : j'ai dépassé, alors que j'aurais dû tenir compte de la ligne blanche.
Et me voilà éjecté avec une force inouïe, ce qui a provoqué une moelle épinière écrasée et bras tellement retourné dans le dos que les nerf le faisant marcher se sont arrachés et une rate qui allait bientôt exploser.
Si le choc ne m'a pas tué, c'est grâce à mon casque.
Si je n'ai pas eu de plaies, c'est grâce à ma combinaison.
Alors à quoi auraient ressemblé mon bleu aux cervicales sans ce casque, mon bras sans cette combinaison, ma fracture de la cheville sans ces bottes hautes ?

Et à l'inverse à quoi auraient ressemblé ma moelle épinière et mon bras si j'avais eu un airbag moto sorti 1 ou 2 ans plus tard ?
Et à mes proches, quelles auraient été :
- la vie de ma mère, si elle n'avait pas décidé de quitter son travail, la ville et la région où vit ma grand-mère pour se rapprocher de moi ?
- la situation de mon père, s'il n'avait pas décidé de presque arrêter de travailler pour être à mes côtés ?

Quelle aurait été ma carrière professionnelle si j'avais pu continuer de travailler ? Quelle aurait été ma relation avec mon grand amour ? Combien d'enfants aurait-on eu ?
Je ne le saurai jamais parce que j'ai eu cet accident.
Mais ma vie n'est pas finie, alors je continue à vivre ou plutôt à survivre comme chantait Balavoine.

Cédric